La narratrice de ce livre est une femme déchirée, mais c'est aussi une femme déchaînée. Elle est, avec toute sa passion, un écrivain qui tente de venir à bout d'un roman dans lequel elle raconte l'histoire de Blanche, une célèbre cantatrice qu'envahit peu à peu un cancer de la peau. Mais elle est aussi la mère de Sylvestre, un enfant autiste qu'elle veut à tout prix faire accéder au monde des autres, monde interdit. Or, "le petit prince cannibale" dévore en ce combat les phrases, les mots de la mère écrivain. Et dès lors c'est un véritable duo concertant qui s'élève dans les pages du livre entre deux voix, entre deux femmes, l'une, superbement triviale, s'affrontant à tous les interdits et préjugés qui menacent l'enfant, l'autre, la romancière rauque et passionnée, dont les espoirs et les désespoirs se mêlent à ceux de Blanche, son héroïne. Sortant elle-même d'un long silence, Françoise Lefèvre fait retour à l'écriture avec ce texte pathétique et superbe.
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